GERER SA DOULEUR AVEC L'HYPNOSE
La douleur n'est pas une fatalité, il est possible d'entrainer son cerveau afin de gérer le niveau de sa douleur.
Tout d’abord, commençons par un message de bon sens. Avant de se lancer dans un travail hypnotique sur une douleur, il faut d’abord avoir effectué tous les rendez-vous médicaux nécessaires. En effet, la douleur est un signal qu’une partie de nous envoie à une autre partie de nous. Et finalement l’intensité de la douleur correspond à la force de ce signal. La première chose à faire lorsque l’on a une douleur est donc d’aller voir un médecin qui va utiliser cette information pour former un diagnostique. Pas question donc de réduire par hypnose une douleur avant que le médecin n’ait eu l’opportunité de poser un diagnostique de peur de fausser celui-ci.
Ainsi aucun travail sur la douleur ne commencera sans l’accord explicite du médecin qui suit le patient. Il sera donc au courant de la démarche et donc si le patient n’a plus mal suite à l’utilisation de l’hypnose, il saura aussi que cela ne signifie pas nécessairement qu’il est guéri.
En effet, et c’est la grande mauvaise nouvelle, l’hypnose ne va pas soigner, en revanche c’est un outil qui va permettre de modifier la perception de la douleur.Ainsi une douleur qui était perçue comme étant très élevé (9 sur 10 par exemple) pourra être ressentie comme une simple gène (1 sur 10).
Un tel résultat ne sera pas obtenu sans travail.
"Il s’agit ici d’apprendre à jouer de son cerveau comme certains ont appris à jouer d’un instrument"
Cela nécessitera plusieurs séances d’hypnothérapie (entre 4 et 6) et surtout un travail personnel (de l’ordre de 10 à 20 min par jour pendant 3 a 6 mois). Il s’agit ici d’apprendre à jouer de son cerveau comme certains ont appris à jouer d’un instrument et donc il va falloir commencer par faire ses gammes.
On a tendance à classer les douleurs dans deux grandes catégories en fonction de leurs origines présumées : les douleurs d’origine physique et les douleurs d’origine psychologique (dites psycho-somatiques). Peut-être cet empressement à catégoriser ainsi les douleurs vient de notre culture cartésienne ou simplement de la difficulté de notre cerveau à gérer l’incertitude. Quoi qu’il en soit cette catégorisation me paraît de mon expérience, assez factice.
Tout d’abord, la médecine est une science qui se construit jour après jour et de nombreux maux aujourd’hui diagnoticables ne l’étaient pas il y a encore 10 ou 20 ans. Il serait donc plus exact de dire « douleur dont les médecins arrivent à déterminer une origine physique » et « douleur dont les médecins n’arrivent pas (pas encore peut-être) à déterminer une origine physique ».
Ensuite les patients qui sont venus me voir présentaient presque tous des origines multiples. En effet, le corps et l’esprit étant intimement liés, une douleur se cantonne rarement seulement au corps. Ainsi presque tous les patients qui sont venus me voir avec des douleurs chroniques diagnostiquées comme physiques (une hernie discale par exemple) ressentaient très souvent à cause de cette douleur des émotions comme un sentiment d’injustice, de la colère voire de la tristesse et même de la déprime. Et évidemment, ces émotions ont un impact sur la perception des douleurs : on a moins mal sur une plage avec sa famille et ses amis que tout seul dans une cave à ruminer l’injustice dont on est la victime.
Et inversement, les patients diagnostiqués comme psychosomatiques et qui ressentent une douleur à 9 sur 10 dans les cervicales par exemple, ce ressenti va les pousser à crisper leurs muscles, à prendre des postures analgésiques contre nature et donc générer des inflammation des muscles et des ligaments qui n’auront rien de psychosomatiques.
C’est pourquoi en hypnose pour apprendre à gérer sa douleur, on va apprendre des techniques d’autohypnose pour réduire la perception d’une douleur mais on va aussi travailler sur les émotions qui sont liées à cette douleur (qu’elles en soient la cause ou la conséquence).
On me demande souvent sur quelles type de douleurs l’hypnose peut être efficace. Jusqu’à preuve du contraire, l’hypnose permet de modifier la perception de n’importe quelle type de douleurs, car si les douleurs sont différentes, elles sont toutes ressenties dans les mêmes circuits de douleurs du cerveau. A titre personnel, les douleurs les plus communes sur lesquelles j’ai utilisé l’hypnose sont les douleurs de dos, les douleurs névralgiques (sciatique par exemple), les migraines, les maux de ventre (type syndrome du colon irritable) et les douleurs articulaires (type arthrose par exemple).
Pour ceux qui le souhaitent, tous les mois, à l’Institut Parisien du Dos, j’organise un atelier Hypnose et Douleurs afin d’aborder ces thèmes, d’échanger et de commencer à découvrir cet outil qu’est l’hypnose et ce qu’il peut apporter.